Jay
Questions & Réponses Air Max Zero par Tinker Hatfield
Quelle est l’histoire qui se cache derrière Air Max Zero ?
Aucun dossier ou aucune recherche n’ont été évoqués, il s’agissait plutôt d’une révélation. Je me disais pourquoi ne pas créer une nouvelle chaussure de running exceptionnelle qui révélerait au monde ce que représente réellement la technologie Nike Air.
Je me rappelle de la façon dont nous fabriquions ces unités Air-Sole qui étaient de plus en plus volumineuses et je me souviens que nous pensions que les gens devaient les voir et devaient comprendre comment elles fonctionnaient. Les gens devaient être exposés à cette nouvelle technologie et non pas seulement à la technologie, mais aussi à un produit complet qui soit présenté de la meilleure façon qui soit : une chaussure que l’on puisse porter lors d’une course.
Les premiers croquis mettaient donc l’accent sur la visibilité de ces unités Air-Sole. Certains croquis consistaient essentiellement à rendre visibles l’unité Air-Sole au niveau du talon. D’autres croquis présentaient ces unités sur l’avant-pied ou au milieu du pied.
En fait, il n’y avait pas que l’unité Air-Sole. On mettait aussi l’accent sur l’allure de l’ensemble de la chaussure. Nous travaillions à la création d’un nouveau type de chaussure qui serait différent, qui offrirait de meilleures sensations et qui présenterait des caractéristiques visuelles uniques. Lorsque vous parvenez à regrouper toutes ces qualités, alors vous suscitez vraiment l’intérêt des gens et vous avez plus de chance de vraiment changer les choses.
Souvent, lorsque les gens parlent du modèle Air Max 1, ils font référence au Centre Georges Pompidou comme site emblématique de révélation du système Nike air. Est-ce que ce lieu a vraiment inspiré le modèle Air Max 1 tel que nous le connaissons aujourd’hui ? Ou est ce qu’il s’agissait d’un moment qui a précédé la naissance du modèle Air Max Zero ?
Je me souviens que lorsque j’étais architecte et que je voyageais à Paris, je m’intéressais aux innovations architecturales intéressantes partout dans le monde. Je suis notamment allé à Paris pour découvrir cette ville mais aussi pour voir le centre Pompidou. Ce centre à l’époque était loin de faire l’unanimité et il y avait beaucoup de gens dans le monde qui pensait que ce bâtiment était beaucoup trop différent.
Le centre Pompidou est une structure organique qui laisse apparaître les entrailles du bâtiment, avec son enveloppe de verre semblable à une peau transparente. Avec ce bâtiment, même ce qui d’ordinaire se trouve sous « la peau » se retrouve à l’extérieur. Tout est exposé, des tuyaux et des canalisations de refroidissement/chauffage aux escalators et aux ascenseurs. Tout est absolument visible depuis l’extérieur.
En tant que designer, vous cherchez des exemples de design qui représentent de véritables prises de risque et qui montrent quelque chose de différent. Je me souviens que cela m’a vraiment frappé. Lors de mon retour en Oregon, j’ai rencontré les techniciens qui travaillaient sur ces unités Air-Sole élargies et qui concrétisaient mes idées. Je leur ai dit en gros, pensez à ce bâtiment qui est unique en son genre et pensez à cette technologie. Peut-être que nous pourrions faire en sorte d’exposer la technologie de la semelle et créer une chaussure au design unique.
Voilà, comment tout a commencé. J’ai vu le bâtiment avant de concevoir cette chaussure, c’est donc vrai que le centre Pompidou m’a inspiré. Mais n’oublions pas de rendre hommage à la technologie Nike.
Si nos techniciens n’avaient pas travaillé sur une unité Air-Sole plus volumineuse qui s’élargissait et se rapprochait du bord de la semelle intermédiaire, nous n’aurions probablement pas souhaité percé un trou car cela aurait ressemblé à une véritable cavité dans la chaussure.
On peut donc dire que l’esthétique de la chaussure emprunte au centre Pompidou et aussi au fait que nous fabriquions à l’époque des unités Air-Sole plus volumineuses.
À quoi pensiez-vous lorsque vous dessiniez votre première chaussure avec l’unité Nike Air visible ?
Hormis le concept de rendre le coussin d’air visible, je pensais à sculpter la semelle intermédiaire de manière à la rendre plus minimaliste, pour qu’elle remonte aux endroits où c’est nécessaire à un meilleur maintien et pour qu’elle soit plus basse dans les autres zones.
J’ai aussi passé du temps sur la conception de l’empeigne, qui devait suffisamment maintenir le pied et être dotée d’un plastron classique. Il s’agit de l’élément central qui se soulève au niveau du milieu du pied et sur lequel on trouve le Swoosh. Le plastron permet une bonne tenue du pied dans la chaussure, car vous pouvez façonner cette partie pour qu’elle adopte la forme du pied. On peut dire que même dans le domaine de la conception des chaussures on utilise les meilleures méthodes en vigueur.
Toutefois ce qui était plutôt unique en matière de conception c’est qu’il n’y avait pas d’embout, on s’est donc inspiré du modèle Sock Racer. Le modèle Sock Racer n’avait en effet pas d’embout. C’était un modèle très souple ; mais le concept n’était pas d’obtenir une chaussure flexible. Le but était de se débarrasser du superflu. Bien qu’elle n’ait pas d’embout ou de languette, elle est pourvue d’un empiècement renforcé au niveau de l’avant-pied.
Vous devez vous assurer que la chaussure ne « s’effondre pas » autour de votre petit orteil et au niveau du côté de votre chaussure, en particulier si vous courez sur une piste ou si vous courez dans les bois et que vous bougez pas mal. C’est ce que l’on appelle la stabilité latérale.
L’un des aspects particuliers en termes de design fut l’inclusion d’une sangle de talon externe sans contrefort. C’est un principe d’attache qui a précédé celui qu’on trouvait sur les sandales Huarache, si vous voulez. C’était un peu comme de concevoir une sandale, lorsque vous devez fixer une sandale à votre talon et que vous avez la possibilité d’attacher la sandale en haut de l’os de votre talon. J’aimais bien ce concept de fixation minimaliste.
Pourquoi le modèle Air Max Zero n’est-il pas sorti au moment où vous l’avez imaginé ?
À de nombreux égards, il s’agissait d’un modèle en avance sur son temps, non seulement relativement à son apparence, mais également en termes de construction de la chaussure. Très concrètement, la technologie et les matières dont nous disposions à l’époque n’étaient pas assez avancées pour nous permettre d’appliquer ce que nous avions exactement en tête.
Votre design original a maintenant été réinterprété et revu avec la Air Max Zero, qui sera commercialisée en mars. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Je l’adore. Elle présente des matières et une structure innovante et moderne, et je pense que c’est la seule façon d’envisager une création. Sinon, si vous exhumez quelque chose du passé et que vous vous contentez de ça, c’est comme si vous vous tiriez une balle dans le pied, on n’est plus dans le passé. Le passé est derrière nous. On est maintenant dans le présent. Si vous m’aviez confié ce projet, j’aurai choisi les mêmes nouvelles matières que celles qui ont été choisies par l’équipe aujourd’hui.
Je pense aussi que c’est génial de puiser son inspiration dans quelque chose, mais on ne doit pas se contenter de le copier. En fait, je fais tout le temps de l’architecture. Je fais des maisons pour les gens. Je construis des grands bâtiments. Je peux puiser mon inspiration dans un vieux bâtiment mais je vais toujours apporter un nouveau matériau ou un élément de modernité à mes créations. C’est ce qui explique en partie qu’un designer est bon dans ce qu’il fait. L’inspiration peut avoir des origines multiples. Il vous est toujours possible de vous inspirer d’un design préexistant puis de vous le réapproprier.
La Air Max Zero sera disponible en pré-commande le dimanche 22 mars sur nike.com/sportswear et la chaussure sera disponible chez certains distributeurs Nike Sportswear le 26 mars prochain pour le Air Max Day !
