Démarrer une galerie d’art : 3 artistes nous dévoilent leurs secrets

Dans cet article, nous essayerons de vous présenter quelques figures qui ont donné au marché d’art français et international.

Atle Gerhardsen, associé, Gerhardsen Gerner, Berlin & Oslo

“Je l’avais planifié depuis un certain nombre d’années, mais il m’a fallu beaucoup de temps pour commencer : j’ai étudié l’histoire de l’art à Lund, en Suède. Après mes études, j’ai travaillé au Nordic Art Center à Helsinki pendant un an et j’ai adoré ce travail, mais cela m’a fait comprendre que je devais essayer d’ouvrir une galerie. Mais je n’avais aucune idée de la façon de procéder. J’ai essayé de travailler dans une galerie à Oslo, mais ça n’a pas marché. Puis je suis allé à New York à l’été 1994 où plusieurs personnes de mon âge à SoHo avaient ouvert des galeries à la corde rasante. Je me souviens qu’il y avait un article du New York Times qui décrivait ces quatre ou cinq loft spaces dans SoHo, donc je les ai tous visités, je me souviens que SoHo était vide à l’époque.

De retour en Europe, j’ai participé à Smart Art, une foire d’art alternatif à Stockholm, à l’époque où Stockholm était la plaque tournante de l’art en Scandinavie et il y avait un grand nombre de galeries qui voulaient faire la même chose que moi. Je viens d’Oslo, donc il est devenu clair que si je voulais ouvrir, ce serait à Oslo parce que c’est là que j’ai grandi. Je n’avais pas d’argent, alors ça allait être difficile. Quand j’ai finalement ouvert en mai 1995, j’avais déjà un emploi de concierge et je l’ai gardé pendant 2,5 ans jusqu’à ce que je sois licencié – c’est-à-dire qu’ils pensaient qu’il était temps pour moi de faire la galerie. C’était le début. Puis, en 2001, j’ai déménagé à Berlin, et Nicolai Gerner-Mathiesen a commencé à travailler comme assistant, puis est lentement devenu partenaire, c’est-à-dire quelques années plus tard.”

Pascal Robaglia, propriétaire de la Galerie Gilbert Bart, Le Vésinet, France

L’offre est un élément essentiel pour ouvrir une galerie. J’ai décidé d’ouvrir la galerie, mais la récession a frappé et j’ai dû fermer. Mais d’une certaine manière cela a parfaitement fonctionné parce que j’avais la passion pour travailler au plus fort du marché, et personne ne s’attend à faire beaucoup d’argent la première année dans la galerie de toute façon. J’ai pu trouver un espace et travailler avec les artistes que je voulais, et j’ai pu essayer quelque chose de nouveau. 

Une galerie vide n’attirera personne (quoique..), une galerie trop pleine risque de rebuter ajoute Pascal Robaglia. L’art c’est du lucre, il faut donc s’adresser à sa clientèle, la faire rêver, la faire espérer mais aussi et surtout lui apporter (sur un plateau) ce dont elle a envie mais surtout ce pour quoi elle est prête à dépenser, de façon irrationnelle (ou pas). Une galerie n’est en aucun  cas une entreprise à but non lucratif, son objet est de faire dépenser donc de marger le plus possible tout en rendant ses clients heureux…pour qu’ils reviennent.

James Cohan, propriétaire, James Cohan Gallery à New York

“Pour créer une galerie d’art dans le monde actuel, il n’y a qu’un seul élément clé : les grands artistes, des personnes en qui vous croyez et pour lesquelles vous êtes prêts à vous battre dans le contexte de la vente de leurs œuvres, de leur promotion auprès des conservateurs et de l’engagement d’un dialogue critique. Il est important de trouver le soutien du monde de la conservation. Les collectionneurs sont importants, cependant, les artistes sont notre sang-froid, et sans eux, nous ne voulons pas dire grand-chose à part un joli sourire et peut-être un verre de vin dans une tasse en plastique.”

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